The Soft Parade
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 "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy]

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Wolf Shafer

Wolf Shafer


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MessageSujet: "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy]   "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy] Icon_minitimeDim 23 Nov - 17:45


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(© Madame-E & Anarya)


    Il pleuvait. Comme d’habitude en Angleterre. A croire que tout était fait pour accroître la morosité envahissante du flic venu d’Outre-Atlantique. Les nuages étaient bas, gris et lourds, chargés de cette pluie fine si caractéristique des landes anglaises. Un petit vent sec et froid s’était également levé, histoire d’enfoncer un peu pus le clou. Wolf venait juste de terminer une nouvelle journée de merde au boulot, sur les plateaux de tournage de « The Soft Parade ». Et comme à son habitude, avant d’aller se coucher, Schafer prit la route du « Madigan’s » . Même s’il se bornait à se cacher la vérité, il était probablement devenu alcoolique.

    Le Sarge gara son véhicule docilement, avant de couper le contact et de s’allumer une autre cigarette. Il ne les comptait plus non plus …. Décidément, sa vie était loin d’être exaltante. Rongé par ses démons intérieurs et ses fantômes du passé, Wolf tâchait de laisser passer chaque jour, l’un après l’autre. On verrait ce que nous apporterait la suite. Rien de bien transcendant, probablement. Arrivé devant le pub préféré de l’ancien militaire, Schafer prit son temps pour terminer sa cigarette. La pluie ne le dérangeait pas plus que ça, il s’y était fait à vrai dire. Mais ce temps de merde le changeait rudement de Camp Pendleton, en Californie lorsqu’il était encore sous les drapeaux. Un passé révolu tout ça.

    Jetant sa cigarette d’une pichenette, Wolf passa ensuite la porte du pub, une petite clochette annonçant son entrée. Aussitôt, il fut assailli par le bruit des conversations de la clientèle, des effluves d’alcool ou du son de la télévision. Fronçant les sourcils, il fit un rapide tour d’horizon des personnes présentes, comme à son habitude afin d’essayer d’apercevoir une possible connaissance. Hormis quelques hooligans avec qui il s’était déjà battu pour des broutilles, il n’y avait personne. De toute façon, en Angleterre, il ne connaissait personne. Résigné, il se dirigea vers la place qui au fil des soirées était devenu SA place. Située au comptoir de Daddy, il pouvait voir une bonne partie du pub, et la porte d’entrée. Schafer se hissa sur le haut tabouret, sa main cherchant instinctivement le petit ramequin de biscuits apéritifs, avant d’en manger une petite poignée.


    « Bonsoir, Wolf. T’as une p’tite mine. Y a quelque chose qui va pas ? »
    « Salut, Daddy. Ca va sans plus. »
    « Bon. Qu’est ce que je te sers à boire ? »
    « Mets-moi un bourbon s’il te plaît. Et .. euh, au fait ? »
    « Ouais ? »
    « Tu peux me faire un petit truc à manger, s’il te plaît ? »
    « Qu’est ce tu veux ? »
    « Des œufs. Ce sera très bien. »
    « Je te fais ça. »

    Quelques minutes plus tard, Wolf mangeait silencieusement dans son coin, ne faisant chier personne et ne la ramenant pas, pour une fois. Les bruits de fourchette se turent pour laisser place au bruit du verre vide qui est posé sur un comptoir en bois. L’ancien sous-officier fait signe de lui resservir un verre. Et un autre. Encore un autre. Toujours un autre. Schafer s’était enfermé dans ce genre de cercle infernal et vicieux qu’il avait la plupart des soirs. Ces mêmes images qui le hantaient, ces mêmes visions, ces mêmes instants. C’est comme s’il était marqué au fer rouge. Comme s’il était ailleurs, l’ancien sergent plaça une cigarette au creux de ses lèvres. Une voix vint le sortir de sa torpeur, sur le ton de l’exaspération compatissante.

    « Wolf … »
    « ‘Scuses moi, Daddy, j’avais plus toute ma tête … »

    Depuis le temps, le gérant du pub appréciait l’ancien Marine et se souciait de plus en plus pour lui. Schafer leva la tête vers l’écran de télé, complètement indifférent à ce qui était diffusé. Il était simplement obnubilé par cette succession d’images et de sons. La clochette retentit une nouvelle fois, un nouveau client entrait dans le pub. Il devait être aux alentours de 22 heures. Mais cette fois-ci était différente.

    Dès l’instant ou la nouvelle personne avait mis le pied à l’intérieur, Wolf savait qui c’était. Ce parfum .. cette démarche … ce bruit de talons qui claquaient sur l’antique parquet de bois, Schafer les reconnaîtrait entre mille. Mercy H. Valosey. La femme de sa vie. Ou du moins, de ses nuits. Certaines. Pas toutes. Elles étaient rares. Mais intenses, passionnées et … et indescriptibles. Jamais Wolf n’avait ressenti ce qu’il éprouvait pour Mercy envers une autre femme. Et ça l’effrayait. Au plus haut point. Lui qui d’habitude semblait si sûr de lui, ne savait pourtant pas quoi faire pour cette femme.

    Schafer l’observa du coin de l’œil s’installer de l’autre côté du comptoir, restant concentré sur son verre. Son regard était perdu dans les méandres du vieux comptoir en bois, comme s’il était obnubilé par autre chose, perdu dans ses pensées. Se résignant, il finit par se lever et s’installa près de Mercy, regardant devant lui, comme s’il avait peur de la regarder directement.


    « Mercy. »

    Oui, c’était aussi simple que ça entre eux. Wolf avait l’impression qu’à travers un simple mot, toutes ses questions étaient posées. Du genre « qu’est ce que tu fais encore ici ? », ou « journée de merde, hein ? » mais aussi « Faut croire que ça devient une habitude en pleine semaine .. qu’est ce qu’il t’arrive ? » Pas besoin de long discours avec elle. Tout ceci était du superflu. Un mot, une intonation et elle savait ce qu’il voulait lui dire….
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Mercy H. Valosey

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MessageSujet: Re: "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy]   "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy] Icon_minitimeDim 23 Nov - 19:05

    Il pleuvait. Encore. Mais les goutes qui frappaient en cadence le sol anglais ne semblaient pas gêner Mercy. Elle marchait ainsi depuis plus d’une heure maintenant, ne cherchant pas à aller quelque part. Elle lui avait dit. Elle n’avait pu faire autrement. Il savait maintenant qu’elle était enceinte. Il savait que ce n’était pas de lui. Et pour une fois, il avait réagit. Il était entré dans une colère noire, impossible à arrêter. Elle n’avait jamais vu Austen comme ça. Pour elle, il avait toujours été ce mari doux et prévenant, calme et fidèle qui serait toujours là pour elle. Ses illusions étaient perdues. Elle était allée trop loin. Vraiment trop loin. Comment avait-elle pu s’imaginer qu’il comprendrait ou même qu’il accepterait l’idée qu’elle soit enceinte d’un autre ? Oui, d’un autre forcément car ils ne faisaient plus l’amour. Il avait deviné, tout de suite et Mercy n’y avait pas fait attention. Il avait deviné cette relation stupide avec Joshua, ce collègue trop jeune et trop innocent. Elle se rendait seulement compte qu’Austen était beaucoup mieux que lui. Oui, beaucoup mieux, même si le temps avait tué leur relation, même si le quotidien avait fait fuir toute passion. Maintenant que lui restait-il ? Rien. Toutes ces choses matérielles auxquelles elle avait attaché tant d’importance ces dernières années lui semblaient maintenant si dérisoires. Elle avait décidé de garder cet enfant. Elle en avait toujours voulu un. Mais saurait-elle l’élever seule, sans un homme aimant près d’elle ? Elle n’en était plus aussi sure maintenant. La pluie et le vent glacial se mêlaient au mal-être de Mercy. Elle repassait à nouveau la dispute dans sa tête, cherchant la moindre note d’espoir. Il n’y en avait aucune.

    « Mercy ! Comment as-tu pu me faire ça ? »
    « Austen, je … je ne … »
    « Et tu veux le garder ? Tu te fous de moi ? Ces derniers mois, j’ai tout accepté. Quand j’ai compris que tu couchais avec un autre, je n’ai rien dit. Quand tu as commencé à coucher avec un deuxième, je me suis tu. Et tu ne le voyais même pas ! Mais là, n’espère même pas rester chez nous ! »
    « Mais, Aust … »
    « Non, Mercy. Pars. C’en est trop. Je ne veux plus te voir ici. »

    Elle était sortie, emportant un simple manteau. Elle devrait revenir. Elle devrait le réaffronter. La simple idée d’être impuissante face à la colère d’Austen lui faisait peur. Elle ne pouvait plus que s’en vouloir, rien d’autre ne changerait. Les larmes coulaient maintenant sur son visage et se mêlaient à la pluie. Le froid de la nuit la glaçait jusqu’aux os. Elle ne pouvait rester plus longtemps dehors. Inconsciemment, ses pas l’avaient menée jusqu’au Madigan’s. C’était dans ce bar qu’elle aimait se réfugier quand elle sentait que son monde s’écroulait. Ce soir-là, c’était plus que jamais le cas. Un pas, deux pas. Elle poussait la lourde porte et entrait dans l’antique bar au bruit d’une espèce de cloche. Maintenant, elle était en sécurité. Mercy ne chercha même pas à trouver une place dans la salle, le simple bruit des supporteurs de Liverpool lui indiquait qu’elle était pleine. Il restait une place au comptoir, dans un coin où seul Daddy, le patron pourrait venir l’embêter. Du moins, c’est ce qu’elle pensait. Le simple murmure d’une voix, la simple appellation de son nom lui indiqua qu’elle ne sera pas seule pour la soirée. Cette voix rauque, qui faisait devinait que l’homme a qui elle appartenait avec un peu trop bu, rassura Mercy. Elle l’aurait toujours, lui. Lui, c’était Wolf Shafer. Celui avec qui elle partageait des nuits inoubliables, le seul qui la faisait vraiment vivre. Plus qu’aucun autre, il savait la comprendre. Ils n’avaient pas besoin de longs discours. Un simple « Mercy » lui demandait ce qu’elle faisait là en pleine semaine.

    « Wolf … »
    Oui, je sais, encore. Mais cette fois-ci ce n’est pas la même chose. C’est encore plus grave que la dernière fois. J’ai tout foiré.

    Et au-dessus de son éternel double scotch, Mercy ressassait encore et encore cette soirée. Seulement, maintenant elle savait que Wolf était là, à l’autre bout du comptoir. Sauf qu’elle le connaissait. Elle connaissait cet air éternellement dur, elle se doutait des choses horribles qu’il avait vécues. Elle savait l’effet qu’elle lui faisait mais la vraie nature de cet homme la lassait dans la peur. Il ne comprendrait pas et même s’il comprenait il fuirait. Il n’accepterait pas les responsabilités. L’enfant qu’elle portait n’était peut-être même pas de lui. Surement pas d’ailleurs. Mercy avait fait le rapprochement des dates. Mais elle savait que si elle osait lui en parler, elle risquait de le perdre. Il était tout ce qu’il lui restait. Elle ne pouvait vivre avec l’idée de ne plus jamais entendre parler de lui.
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Wolf Shafer

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MessageSujet: Re: "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy]   "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy] Icon_minitimeDim 23 Nov - 20:27

    L’heure était grave. Il le savait. Il fallait être aveugle pour ne pas se rendre compte. Jamais il ne l’avait vu dans un état pareil. Jamais. Et il s’en mordait les doigts. Wolf aimerait tellement faire quelque chose pour elle. Mais quoi ? Il ne le savait pas lui-même. Schafer n’avait jamais été doué pour ces choses là. C’était d’ailleurs peut-être pour ça qu’il était encore célibataire à son âge, et qu’il le resterait probablement un bon moment encore. Même s’il affichait toujours la même mine sombre et désintéressée, Wolf, intérieurement rageait contre son impuissance à désamorcer ce genre de situations. Et il resta peut-être assis quelques secondes ou quelques minutes ainsi. Silencieux. Regardant devant lui. Il finit par héler Daddy qui lui resservit un autre bourbon. Un de plus, un de moins, vu ou il en était maintenant. Mais il en avait besoin pour prendre courage. Le goût fumé et tourbé du breuvage réchauffa lentement sa gorge, avant de s’estomper petit à petit.

    Pied au mur, il se résigna à voir les choses en face. Mercy avait mauvaise mine et encore une fois, il était torturé rien qu’au fait de la voir comme ça. Il devait faire quelque chose. N’importe quoi. Wolf l’avait vu hier. Ils s’étaient quittés ce matin presque sans un mot. L’ancien militaire savait qu’aujourd’hui elle avait eu à faire face à son mari. Les choses s’étaient mal passées. Apparemment beaucoup plus mal que ce qu’elle avait prévu. Wolf finit par poser sa main sur son épaule. Une poigne ferme, autoritaire mais qui se voulait pourtant rassurante et réconfortante, peu habituée de ce genre de choses.


    « Tu veux en parler ? »

    Enfin, il s’était jeté à l’eau. Certainement pour dire une idiotie et se noyer. Qui voudrait parler de choses pareilles. Certainement pas elle . Certainement pas après la journée qu’elle venait de vivre. Il ne se parlerait même pas à lui-même de toute façon. Et puis il était fort lui pour donner des leçons alors qu’il ne parlait jamais. Qu’il gardait pour lui tout ce qu’il avait vécu, alors que peut-être ça lui ferait du bien d’en parler. Mais à qui ? Qui ne prendrait pas la fuite devant ce que raconterait le vétéran ? De toute façon, Mercy se doutait … lorsqu’elle avait vu pour la première fois les stigmates qui barraient le corps de l’américain, les cicatrices de ses deux blessures de guerre. La première fois, elle avait été surprise mais elle avait fait avec. Mais Wolf savait .. il savait qu’il lui faisait peur. Mais il s’accrochait désespérément à cette femme comme si elle était sa bouée de sauvetage avec le monde réel. Son seul lien. La seule chose qui le rattachait encore un tant soi peu à la réalité et à la vie. Sinon, cela ferait probablement un moment qu’il aurait lâché l’affaire. Qu’il aurait tout abandonné. Il savait sa vie brisée et il s’en foutait. Qu’il y ait un mort de plus ou un mort de moins sur ce monde pourri ne changerait pas la donne. Il y aurait toujours un autre salopard pour le remplacer.

    Mais elle était là. Elle. Et même si elle ne le savait pas, même si elle ne s’en doutait peut-être pas, c’était pour elle qu’il restait. Pour la soutenir dans ce genre de moment, par exemple, ou pour ne pas la voir comme ça. Il la préférait souriante … ce petit sourire qui le revigorait lorsqu’il le voyait…. Sa main posée sur son épaule s’était transformée en une petite caresse lascive machinale, allant et revenant sur son bras.

    Wolf aimerait tant lui dire de se reprendre, que ce n’était qu’un mauvais moment à passer mais il ne le faisait pas. Il préférait penser qu’il n’avait pas besoin de le lui dire. Il savait qu’il n’en avait pas besoin. Elle était une des seules. Non. La seule à le comprendre. Certains avaient essayés et s’étaient cassés les dents. Pas elle… Mercy restait contrairement aux autres , malgré sa peur. Courageuse Mercy. Cette femme était sûrement en train de vivre une des plus mauvaises passes de sa vie, et Schafer se savait en partie responsable. Il voulait donc la soutenir, l’épauler dans ce genre de moments difficiles. Même si au fond, ce n’était pas son rôle et il le savait. Wolf savait qu’il n’y aurait jamais rien de plus entre Mercy et lui-même. Car lui-même en était effrayé et il ne voulait pas qu’une certaine routine s’installe entre eux.

    Mais il ne pouvait la laisser dans cet état. Ce n’était pas son genre. Semper Fidelis. « Toujours fidèle ». La devise du Corps des Marines. SA devise. Et il s’efforçait de la mettre en pratique tous les jours. Et ile ferait encore cette fois. Toujours fidèle à ses convictions, Wolf était persuadé qu’il aiderait Mercy à n’importe quel prix ….
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Mercy H. Valosey

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MessageSujet: Re: "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy]   "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy] Icon_minitimeLun 24 Nov - 0:00

    Mercy sentait la main ferme de Wolf se poser sur son épaule. Elle sentait son geste maladroit mais elle savait qu’il le voulait réconfortant, et rien que ça, lui redonnait un soupçon de baume au cœur. Sa maladresse en aurait fait fuir plus d’une mais Mercy restait. Elle aimait cette façon que Wolf avait d’exprimer ses sentiments, ou plutôt de les faire deviner. Dans chacun de ses gestes, elle savait ce qu’il voulait lui dire et pour elle, c’était plus important que tout. Se comprendre en un regard, un mot empêchait le superflu de prendre place sur le reste, sur l’amour. Oui, l’amour. Car même si elle ne voulait pas l’avouer, d’un sens, Mercy aimait Wolf. Elle aimait leur relation passionnée, occasionnelle, inopinée. Elle aimait qu’ils n’aient besoin que de la présence de l’autre pour se sentir à leur place. Elle aimait cet homme et ses manières de brute qui cachaient, elle en était certaine, un cœur plus fragile qu’il ne voulait l’admettre. Les nombreux défauts que quelqu’un d’autre aurait pu trouvé chez lui n’en étaient pas à ses yeux. Pour elle, c’était simplement ce qui le différenciait des autres, le rendait unique. Elle ne pouvait s’empêcher de maudire le reste du monde quand elle le voyait là, seul, assis sur le tabouret de ce bar. Il y était d’ailleurs bien trop souvent à son goût. A chaque fois qu’elle venait, Mercy le trouvait là, au même endroit, à boire son éternel bourbon. Elle n’avait pu s’empêcher de demander à Daddy à quel point Wolf buvait. Trop, beaucoup trop.

    « Tu veux en parler ? »

    Si elle voulait lui en parler ? Si elle voulait lui dire qu’elle était enceinte et qu’elle n’avait en théorie pas le droit à ce double scotch ? Elle ne le savait pas. Elle n’avait absolument aucune idée sur ce qu’elle voulait faire ou ne pas faire. Ne rien dire pour l’instant était surement le mieux. Ne pas avouer à Wolf, cet homme si froid et si dur qu’elle était enceinte était certainement plus facile. Elle avait peur de la réaction qu’il aurait. Malgré les nombreuses nuits qu’ils avaient échangées, Mercy avait toujours gardé cette part de crainte en elle. Elle ne connaissait pratiquement rien des réactions qu’il pourrait avoir. A l’annonce de la nouvelle, que ferait-il s’il devenait violent ? Ou s’il s’enfuyait ? Les cicatrices témoignant de son passé avaient laissé dans l’esprit de la future mère une image encore plus sombre de l’ancien marine. Il n’en avait jamais parlé. Il ne lui avait jamais dit pourquoi il avait ce trait légèrement violacé si proche de son cœur. Elle ne savait rien, elle ne pouvait qu’imaginer. Elle ne savait pas non plus pourquoi il était ici, à Liverpool alors que son accent était typiquement américain. Surement pour cause de blessure, mais une fois encore, ce n’était qu’une supposition.

    A ce moment-là, se confier à cet homme qu’elle connaissait si bien mais si mal à la fois lui paraissait chose impossible. Pourtant, une petite part d’elle aurait voulu ne lâcher qu’un mot, qu’un morceau de phrase pour qu’il puisse encore la comprendre. Mais cette peur qui la rongeait l’en empêchait. Pour la première fois de la soirée, Mercy leva les yeux pour croiser son regard. Elle avait toujours remarqué qu’il était beaucoup moins dur quand il la regardait que quand il observait les autres. Ces yeux bleus remettaient tout en cause. Dès qu’elle croisait le regard de Wolf, Mercy se sentait en sécurité, à l’abri de tout. Malgré l’intensité du regard qu’il posait sur elle, les faits étaient là. Elle était enceinte, sans futur-père pour l’enfant qu’elle portait et aussi sans abri. Le poids de toutes ces choses étaient trop lourdes. Elle ne pouvait le porter seule. Elle avait besoin de quelqu’un. Des larmes commencèrent à couler le long de son visage, en silence. Salant sa boisson, l’une d’entre elle tomba dans le verre que Mercy reporta à sa bouche, pour se redonner courage. Mais c’était inutile.

    « Je … »

    D’une voix tremblante, elle avait fait comprendre à Wolf qu’elle ne pouvait pas tout expliquer, que le faire lui ôterait les dernières forces qui lui permettaient de se tenir debout. Il fallait qu’il accepte de se tenir là, près d’elle à essayer de comprendre l’inexplicable. Elle s’en voulait de lui faire subir ça. Même la veille, ce n’avait pas été si horrible. Mais la veille, elle n’était pas rentrée chez elle, tard dans la nuit. Elle avait tout fait pour que ça arrive, elle devait maintenant en assumer les conséquences.

    Elle sentait encore la main de Wolf sur son épaule faire une légère caresse. Ce geste doux la calmait. Ses larmes arrêtèrent de couler. Elle ne sentait plus que ses joues légèrement humide et encore cette main rassurante. Oui, il serait toujours là pour elle. Cela ne faisait pas de doute, ou presque pas.

    « Merci. »

    C’est tout ce qu’elle pouvait lui dire pour le moment. Elle ne pouvait pas plus. Il avait juste besoin de savoir qu’elle était heureuse qu’il soit là, lui et pas un autre. Le reste du bruit de la salle n’était plus qu’un murmure à ses oreilles. Seule la présence de Wolf et le bruit du verre qu’il reposait de temps à autres sur le comptoir rythmaient les secondes et les minutes, ce temps qui semblait ne plus exister.
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MessageSujet: Re: "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy]   "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy] Icon_minitimeLun 24 Nov - 2:48

    Le Gunnery Sergeant restait immobile et silencieux, son regard perdu dans le liquide ambré de son verre que Daddy renouvelait à sa demande. Combien de temps ils étaient restés ainsi, sans se parler, sans avoir de gestes l’un envers l’autre ? Mais ils savaient qu’ils n’avaient pas besoin de ça entre eux pour se comprendre. Le simple fait de se tenir ainsi, rapprochés l’un de l’autre leur suffisait. Du moins, cela suffisait à Wolf. Mercy devait bien être la seule femme, ou même la seule personne à rester ainsi près de lui sans s’en aller. Pourtant, avant ses accidents et son renvoi du Corps, l’ancien Marine n’était pas un solitaire, bien au contraire. C’était le boute-en-train, qui prenait soin de ses hommes, qui savait tout sur eux et comment faire le mieux pour eux lorsqu’ils étaient loin de tout. Dans l’unité, l’officier était le père, et Schafer la mère. L’officier commandait, Schafer était aux petits soins pour ses hommes…. La voix de la rédactrice vint le sortir de ses pensées.

    « Je … »

    Wolf osa à nouveau lever la tête et croiser le regard vague de la jeune femme. Il remarqua les larmes. Sans rien faire. Il était impuissant. Wolf savait que Mercy ne voulait rien de plus. Juste comme d’habitude, l’un à côté de l’autre. Il ne supportait pas cette situation. Il ne supportait plus cette situation.

    « Merci. »

    Le flic se contenta de hocher la tête silencieusement, d’une manière presqu’imperceptible. Wolf comprit qu’il allait devoir franchir un cap. Et cela l’effrayait au plus haut point. Ne prêtant aucune attention à ce qui se passait autour de lui, il héla une nouvelle fois le vieux Daddy qui lui resservit en soupirant un nouveau bourbon. Le dernier. Que l’américain but d’une seule gorgée, comme s’il voulait tasser tout ce qu’il avait ingurgité auparavant. Il déposa un billet de 50 £ qu’il glissa sous son verre vide, de quoi régler ses consommations de la soirée. De toute façon, il avait confiance en Daddy, s’il y avait trop il lui rendrait ensuite. Wolf se leva et enfila son blouson de cuir usé jusqu’à la moelle avec des gestes précis et réfléchis, tirant sur son col pour le faire tenir droit, finissant par ranger le long tabouret de bois contre le comptoir du pub.

    « Termine ton verre. Suis moi. »

    Ses mimiques d’ancien militaire avaient repris le dessus, un peu comme à son habitude. Cette phrase avait été lancée comme si c’était un ordre. Pourtant, il ne s’adressait pas aux autres personnes comme il s’adressait à Mercy. Il y avait un petit quelque chose de plus .. mais c’était quasiment indescriptible, indéchiffrable. Wolf, de son côté, ne regardait pas derrière lui. Il savait très bien que Mercy le suivrait. Sans prêter attention aux autres, il avait appris à vivre sans, Schafer sortit du pub pour se diriger vers sa voiture. Son premier réflexe fut d’allumer une énième cigarette dont il aspira avidement et goulument la fumée. Wolf ne remarqua même pas qu’il avait cessé de pleuvoir. Il se dirigeait instinctivement vers sa voiture, sans se soucier de quiconque ou de qui que ce soit, simplement rassuré par le son des talons féminins qui le suivait. Il fit jouer ses clefs dans la main avant d’ouvrir la portière passager en premier, et de se grimper ensuite à sa place, toujours en silence. Il n’y avait rien à dire. Rien pour le moment.

    Le moteur de sa Mustang répondit docilement, démarrant au quart de tour. Bizarrement, Wolf roulait plus prudemment que de coutume, se permettant même de respecter le code de la route, ce qui était contraire à son attitude la plupart du temps, surtout lorsqu’il avait bu. Non, là, il se contrôlait et paraissait soucieux de l’avenir. Le voyage jusqu’à son appartement, son taudis de Shadows ou il avait trouvé un modeste deux pièces pour peu d’argent, avait un peu plus long que d’habitude, mais le muscle car américain se gara paisiblement au pied du vieil immeuble. Un dealer tentait tant bien que mal de vendre sa drogue mais lorsqu’il vit la voiture arriver, celui-ci fit mine de changer de trottoir. Wolf ne s’était pas fait que des amis dans le coin. Il n’avait pas adressé la parole à Mercy depuis qu’ils avaient quitté le bar. Ils grimpèrent les escaliers pour finalement se retrouver dans l’appartement. Wolf ouvrit une des fenêtres, afin de faire un léger courant d’air et ramassa un t-shirt qui traînait. Toujours en silence, il sortit une bouteille d’un malt écossais renommé pour se servir un nouveau verre, avant de poser la bouteille ouverte sur le pan qui séparait la petite cuisine américaine de la pièce qui servait de salon. Verre en main, le marine resta face à la fenêtre pendant quelques longues minutes silencieuses, avant de soupirer un bon coup. Il voulait lui parler. Lui déclarer quelque chose d’important, qu’il ne voulait pas dire au pub. Pas comme ça. Pas devant tout le monde. Sa voix vint déchirer la pénombre et la quiétude des lieux.


    « Je crois qu’il est temps. »
    Devant le silence qui continuait à régner, Wolf crut bon de se justifier.
    « Temps pour moi de me délivrer d’un fardeau. »
    Wolf but une gorgée et alluma une autre cigarette, toujours face à la fenêtre. Depuis qu’ils étaient partis il n’avait pas eu un regard pour Mercy.
    « Tu dois certainement te demander d’où viennent les cicatrices de ma jambe et de mon cœur. Tu dois te demander d’où je viens, ce que j’ai pu faire. »
    Les mots sortaient hachés de la bouche du vétéran, comme si .. comme si ça avait du mal à sortir.
    « Il y a trois que j’ai quitté les Etats-Unis. Je considère que ma vie s’est terminée il y a trois ans. »
    Sa voix était enrouée.
    « C’était en Août 2005. A Bagdad.[…] J’étais sergent dans les Marines. Nous devions patrouiller un quartier réputé sensible. Nous faisions notre boulot, en gros.[…] Il y a eu cette attaque. Voiture piégée. J’aurais dû le voir. Ou m’en rendre compte. […] Le .. véhicule de tête a complètement explosé sous nos yeux. J’aurais dû mourir ce jour là. J’aurais dû être dans ce véhicule. Nos .. nos places ont été interverties au dernier moment. […] Ils sont tous morts. Ceux du premier véhicule. L’embuscade était bien ficelée. Ils nous ont immobilisé. Et se sont envolés, comme à leur habitude, après avoir fait le maximum de dégâts. […] Une balle m’a frappé. Deux centimètres au-dessus de mon cœur. La moitié de mon escouade y est passée. Et je n’ai rien fait. Ils m’ont même donné deux médailles pour ça….»
    Wolf termina son verre, et aspira une longue gorgée de fumée.
    « On m’a déclaré inapte au service actif. Tout ce pour quoi je vivais s’est écroulé devant mes yeux, d’un claquement de doigts, d’une signature apposée sur un certificat. Tout s’écroulait, alors je me suis dit : « Pourquoi ne pas bouger ? » Direction la vieille Europe. L’angleterre. Je n’y étais jamais allé. Je n’aurais jamais dû y aller. Et finalement je m’y installe. Je roule ma bosse quelques mois à Londres. La police est la seule qui accepte les candidats en phase de naturalisation …. Muté à Liverpool à la sortie de mes classes …. Pourquoi je fais ça ? Je ne sais pas. Je .. je vis pour vivre. Rien de plus. »
    La cigarette avait fini de se consumer, s’attaquant au filtre dans un petit bruit. Wolf la jeta par la fenêtre avant de s’appuyer contre le mur de sa main valide. Il s’était confessé, en quelque sorte. Jamais il n’avait pensé dire ça un jour à quelqu’un. Et si Mercy s’était enfuie, il la comprendrait parfaitement. Bizarrement, il ne sentait pas pour autant mieux, juste un sentiment bizarre. Il se sentait toujours coupable. Sa voix vint une dernière fois troubler le silence.
    « Ce que je veux dire, Mercy. C’est que je serai là. Toujours. »
    Le fait de s’être délivré à elle montrait à quel point il y prêtait de l’attention. Il y avait peut-être des conclusions à tirer de son attitude, il ne le savait pas lui-même … il n’était plus capable d’analyser quoique ce soit.
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Mercy H. Valosey

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MessageSujet: Re: "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy]   "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy] Icon_minitimeLun 24 Nov - 22:27

    Mercy ignorait si le simple fait qu’elle soit près de lui, leur suffisait. Elle ne savait pas s’il voulait plus, s’il voulait qu’ils aient un réel échange ou si tout était parfait comme ça pour lui. Elle ne savait pas ce qu’elle voulait, elle non plus. Wolf, était là, certes mais elle n’osait pas lui confier tout ce qui se passait. C’était à qui parlerait le premier. Le passé de l’américain était si flou, si sombre qu’elle n’avait jamais osé poser aucune question. Ce serait à lui de parler, elle ne le forcerait en rien. En attendant ce moment, elle le voyait demander Daddy de le resservir, encore et encore, restant toujours dans ses pensées, dans ce monde où elle ne penserait jamais entrer. Dès qu’il le pouvait, il partait dans ces songes dont il était dur de l’en tirer. Mercy ne pouvait certainement pas comprendre. De toute façon pour comprendre, il aurait fallu qu’elle sache. Il redemandait encore un bourbon à Daddy. Et, étrangement, il se leva. Il voulait qu’elle le suive. Elle ignorait pourquoi mais elle savait déjà que ce n’était pas pour se retrouver au lit. Wolf avait très bien comprit qu’elle ne pourrait pas. Pas ce soir. Elle termina son verre sur ses ordres, et le suivi sous le regard du reste des habitués du pub. Elle haïssait cette façon qu’ils avaient toujours de les regarder lorsqu’ils sortaient. Tout le monde, ici, devaient savoir qu’ils couchaient ensemble. Mais aucun ne devait connaître le lien si fort qui les unissait. Cette part de mystère qu’ils pouvaient garder rien que pour eux était intouchable, et tellement précieuse.

    Elle s’assit à la place du passager, Wolf au volant, comme toujours. Mais cette fois-ci était différente. Elle n’avait pas cette poussée d’adrénaline qui la transportait. La raison ? Wolf n’allait pas aussi vite que d’habitude, il ne se mettait pas hors la loi rien que par le fait de conduire. Et puis, ce n’était pas la même chose qui les attendait, elle en était sure. Mais quoi ? Elle avait beau observer chaque expression de l’ancien marine, il ne laissait rien paraitre. Encore moins que d’habitude. Ils étaient arrivés en bas de chez lui et il n’avait toujours pas décroché un mot. Mercy appréhendait maintenant. Elle avait peur de ce qu’il allait dire, de ce qu’il pourrait révéler. En quelques minutes de trajet, elle avait déjà pu imaginer tous les scénarios possibles et inimaginables. Son imagination débordante ne lui avait encore pas fait défaut et pourtant, elle aurait voulu. La peur des mots qui pourraient sortir de la bouche de Wolf la transperçait. Elle ne pouvait dire pourquoi mais elle était certaine que ce ne serait pas facile à entendre. Il avait surement deviné ce qu’elle pensait … Il savait toujours.

    L’appartement sombre, légèrement mal famé qu’il occupait était à son image. Regorgeant de mystères, rempli d’ombres. Wolf et elle s’étaient toujours retrouvés ici, tard dans la nuit. Etrangement, elle avait toujours aimé se donner à cet homme dans ces lieux. Ces lieux qui lui correspondaient si bien. Lorsqu’elle vit le sergent sortir une bouteille de malt et s’adosser à la fenêtre, elle sut immédiatement que cet appartement serait le lieu de confessions bien plus intimes que celles qui s’étaient déroulées auparavant. Elle s’assit sur le lit en silence, laissant Wolf parler quand il le voudrait. Quoi qu’il ait à dire, elle l’écouterait. Et ce, jusqu’au bout.

    La voix dure, de plus en plus teintée par l’alcool de Wolf s’éleva dans la nuit humide de Liverpool. Le silence semblait être aux aguets, prêt à réagir aux paroles du sergent. Il avait du mal à se confier, à laisser Mercy percer son secret, entrer dans son histoire. Au fil des mots, elle découvrait ce qui avait fait de lui cet homme si seul et si perdu. Elle ne cherchait pas à comprendre, elle ne le pourrait jamais. Ce qu’il avait vécu était beaucoup trop grave, beaucoup trop personnel pour être un jour compris par quiconque. Elle était simplement là, à l’écouter et à le supporter. Elle savait maintenant pourquoi tous ces mystères, pourquoi tout ce mythe. Tout ce pour quoi il s’était battu s’était écroulé autour de lui. En même temps que lui. Rien pour lui ne comptait maintenant. La vie devait juste faire son œuvre, point.

    Devant l’immensité de cette confession, Mercy n’osait bouger. Elle restait simplement assise, abasourdie par ce qu’elle venait d’entendre. Elle savait pourtant qu’elle devait réagir, qu’elle devait lui montrer qu’elle n’avait pas fuit, qu’elle ne fuirait pas. Et bien qu’elle s’en soit douté auparavant, elle connaissait maintenant l’importance qu’elle avait pour lui. Peut-être qu’elle ne pouvait se l’avouer sur le moment même mais c’était indéniable. La seule chose qui la frappait à cet instant précis était le dérisoire des choses qui pouvaient lui arriver. Elle avait eut peur de lui confier quoi que ce soit mais le fait était que jamais, non jamais elle n’aurait du. Wolf Schafer venait de lui dire. Il serait toujours là. Elle ne savait même pas comment elle avait pu en douter. Il avait fait face, à sa manière certes, mais il avait fait face. Et maintenant, elle savait à quel point il connaissait la vie. Dans toute son ampleur. Enfin, après avoir laissé trop longtemps le silence prendre place, elle se leva, s’approcha de lui et, n’osant pas encore le toucher, murmura.

    « Je ne fuirais pas. Jamais. »

    Il devait l’entendre à nouveau. Mercy ne l’abandonnerais pas. Elle savait qu’il avait besoin d’elle comme elle avait besoin de lui à ce moment même. Être ensemble leur permettait de ne pas s’écrouler, de ne pas s’effondrer. Il ne lui avait toujours pas adressé un regard mais elle sentait sa respiration devenir moins haletante, plus sure. Lentement, elle posa sa tête sur épaule, embrassant au passage le corps de cet homme qui n’était plus du tout un étranger.
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MessageSujet: Re: "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy]   "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy] Icon_minitimeMar 25 Nov - 20:18

    Toujours face à cette fenêtre qui illuminait à peine le reste de son appartement, Wolf restait silencieux. Dehors le monde extérieur revivait .. comme s’il avait attendu que le vétéran eut fini de se confesser pour retourner à son activité. C’était étrange …. Une mouette ou un quelconque oiseau de mer, au loin criait. Les bruits du port et des grues que maniaient les dockers reprenaient leurs droits, régnant sur la pénombre. Schafer n’en revenait toujours pas d’avoir dit ça à Mercy. Il n’en revenait pas qu’elle était toujours là. Mais à force de ressasser les souvenirs du passé, d’autres reviennent forcément. Une nouvelle fois, l’américain était plongé dans ses pensées, se rappelant toute sa carrière. Son incorporation juste après ses études, à la fin de la Guerre du Golfe, sa première projection et opération de grande envergue en Somalie, ou il tira ses premiers coups de feu contre un être humain. Dès qu’il avait signé son contrat, Wolf s’était transformé. Tout ce qu’il faisait était pour le Corps, rien d’autre. Il avait essayé d’avoir une vie sociale, ou une famille , il était même allé jusqu’à se fiancer avec une de ses petites amies du lycée, mais ça n’avait pas marché. Il n’en éprouvait pas le besoin à cette époque. Et puis le fait de se porter volontaire pour chaque nouvelle opération à l’étranger n’aidait pas les choses.

    C’est à partir du 11 Septembre 2001 que les choses ont changé, comme pour beaucoup de personnes. Wolf pense que c’est vraiment à cette époque où il a pris conscience qu’il était en guerre, contre l’ennemi de son pays, évidemment, mais également contre lui-même. Envoyé en Afghanistan peu après le début des hostilités, et ayant un rang qui lui permettait de commander une petite dizaine d’hommes, Wolf se rendait tous les jours compte de la lourdeur de sa tâche. Surtout lorsqu’il eut sa première perte dans son unité. La seule de ses deux séjours en Afghanistan. Chaque mort, le sergent s’en souvenait dans les moindres détails. Cette perte afghane, Elwood Remner, le mitrailleur d’un des véhicules de la colonne. Un natif de l’Iowa et pour qui c’était sa première opération. La seule. Wolf avait dû écrire à ses parents comme à bien d’autres après. C’était à chaque fois un moment difficile pour l’ancien sous-officier, attaché à ses hommes. Pour l’Irak, la situation était différente, les attaques se produisaient lorsqu’ils s’y attendaient le moins. C’est en Irak que Schafer rencontra le plus de pertes. Son unité participa à l’invasion en 2003, et ils ne connurent seulement qu’un blessé mineur, qui avait été touché au pied. Ce n’est qu’une fois la guerre terminée que les ennuis commencèrent. Les embuscades, les engins explosifs improvisés, tout se répétait. En deux séjours, Wolf eut à compter vingt-deux morts dont il pourrait tout dire sur eux. Vingt-deux amis. Vingt-deux frères.

    Le vétéran fut sorti de sa torpeur, de ses pensées par le geste de Mercy. Elle était encore là. Elle ne l’avait pas abandonné comme les autres l’avaient fait. Comme son pays l’avait fait. Il n’en revenait pas. Lui qui d’habitude était si froid, si distant et si mystérieux, avait révélé le mystère qui planait autour de lui. Comme il le lui avait dit auparavant, il serait toujours là pour elle, prêt à tous les sacrifices possibles et inimaginables. C’était réciproque. Rien que pour cette femme qui tenait à lui, Wolf se donnait une raison de vivre, et non plus de laisser les jours s’écouler minute par minute, comme il avait la fâcheuse habitude de faire, réglant ses journées comme du papier à musique. Réveil très matinal, une séance de sport, boulot et la soirée au Madigan’s…. Mais maintenant, Mercy était là, avec lui. Elle était là avec lui auparavant aussi, bien sûr, mais il n’en était pas sûr. Ils n’étaient pas vraiment du monde et Wolf se posait des questions. Pourquoi restait-elle avec lui alors qu’elle pouvait avoir bien mieux ailleurs ? Il ne le savait pas jusqu’il y a deux petites minutes. Il en était persuadé désormais. Ses propres sentiments étaient réciproques. Comment aurait-il pu en douter ? Wolf se défit de l’étreinte qui les unissait. Et pour une des premières fois de la soirée, il se retourna et regarda Mercy, droit dans les yeux, comme s’il voulait graver son image dans sa tête. Bien sûr, il la connaissait déjà par cœur, mais il voulait s’assurer qu’elle était bien là, que ce n’était pas son imagination ou l’alcool qui brouillait son esprit embrumé.

    Wolf tendit sa main pour saisir et caresser la joue de la jeune femme, dans un geste délicat et lent, minutieux et parfaitement réfléchi. Ses lèvres s’étaient légèrement étirées et son air paraissait moins dur, moins mystérieux que d’habitude. Pour quelqu’un qui ne le connaissait pas, rien n’avait changé sur son visage buriné. Et pourtant, une certaine douceur pouvait s’exprimer dans ses yeux et à travers son geste. C’était peut-être sa manière d’exprimer sa gratitude envers cette femme différente aux autres. Qui resterait à ses côtés quoi qu’il se passerait. Qui l’avait écouté jusqu’au bout sans prendre peur, sans essayer de comprendre ou de commenter quoi que ce soit.

    Cette soirée était la soirée des confessions. Wolf savait. Il savait que la jeune femme avait également quelque chose qui la taraudait. Bien sûr, il était au courant pour ses problèmes de couples, et il était au courant pour le jeune journaliste. Mais il y avait autre chose. Quelque chose de plus important. Wolf le sentait, le devinait. Mais il attendrait. Cette soirée entre eux, cette intimité qu’il avait choisi en la ramenant dans son appartement était bien évidemment propices aux révélations. Mais si elle n’était pas prête, Wolf attendrait. Il saurait être patient. Il saurait attendre et offrirait à son tour une oreille attentive et silencieuse. Le plus important était qu’elle sache, qu’elle devine qu’il était là et qu’il resterait là. N’importe où. N’importe comment. N’importe quand.
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MessageSujet: Re: "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy]   "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy] Icon_minitimeJeu 27 Nov - 22:24

    En s’approchant de lui, Mercy avait senti que Wolf était repartit dans ses pensées, qu’il revivait encore son histoire. Mais, lorsqu’elle posa la tête sur son épaule, elle vit qu’il revenait à lui, dans le monde réel. Elle savait très bien que cette révélation ne l’empêcherait pas de se replonger en permanence dans le passé mais maintenant qu’elle le connaissait ce passé, elle ne pouvait s’empêcher de l’espérer encore plus. Ils savaient maintenant tout l’un de l’autre. Ou presque. Il restait à Mercy à avouer ce qui la taraudait depuis qu’elle était partie de chez elle. Elle savait que Wolf ne lui avait pas confié son histoire pour rien. Il avait voulu lui prouver qu’il tenait à elle, plus que tout. Plus même qu’il tenait à sa vie, apparemment. Cela lui donnait un peu de courage pour lui expliquer ce qui se passait, ce pourquoi elle ne rentrerait plus chez elle. Ils n’avaient jamais parlé d’enfants, évidemment, leur relation n’était qu’occasionnelle même si on pouvait la qualifier de passionnelle, fusionnelle. Ils savaient tous les deux que ça en resterait toujours là, que ce n’irait pas plus loin. Mais Mercy devait bien avouer que ce soir-là, elle doutait. Elle était parfaitement consciente que si elle voulait changer cette relation, cela y mettrait surement un terme, un jour ou l’autre mais ce lien si fort qu’elle entretenait avec l’ancien marine était si fort qu’elle ne pouvait s’empêcher de fantasmer une relation différente. En plus, il venait de lui prouver toutes ces choses sur lesquelles on ne pouvait pas vraiment mettre de mot. Mercy pouvait donc supposer que si elle lui parlait d’enfants, Wolf ne se braquerait pas mais c’était si différent de ce dont ils avaient l’habitude …

    Elle sentit Wolf se détacher de son étreinte. Le regard sombre qui le qualifiait si bien se posa enfin sur elle. C’était la première fois de la soirée qu’il la regardait vraiment. Enfin. Ce regard signifiait bien plus que les mots, bien que pour certains, il n’ait pas changé. Mercy connaissait si bien l’américain quel pouvait maintenant détecter les moindres changements de son visage et les interpréter. Le léger sourire, presque invisible, qu’il arborait maintenant confirmait tout. Et le geste doux qu’il ajouta aussi. Elle sentait sa main rugueuse sur sa joue. Ce contact si particulier lui donna encore plus de courage pour se confier. En mettant des mots sur ce qui se passait, elle rendrait encore plus réel tout ça. Elle n’était pas sure de le vouloir mais elle s’avait qu’elle devrait le faire un jour ou l’autre, alors autant le faire devant quelqu’un qui comptait vraiment.

    « Je suis enceinte. »

    Ca y est, c’était sortit. Mercy avait lâché ces mots dans un souffle, dans un murmure comme si elle n’était pas sure de ce qu’elle avançait. Pourtant tout ceci était bien réel, malheureusement. Et aussi totalement de sa faute. Même jeune, l’ancienne londonienne n’avait pas été un modèle d’excellence mais en vieillissant elle ne s’était guère améliorée. D’où lui était venue de tromper son mari ? Comment avait-elle pu déjà le concevoir ? Elle n’avait jamais su résister à l’enchainement des évènements, elle n’était pas de ces personnes qui planifiait tout. Elle aimait vivre dans l’instant, au moment présent même si elle s’en mordait souvent les doigts après. Comme maintenant. Maintenant qu’elle n’avait plus de toit ni de père pour élever son futur enfant. Elle n’avait pas encore tout expliqué à Wolf et après quelques instants de silence, en attrapant la main qui était encore sur sa joue, Mercy prit une profonde inspiration et se résigna à lui expliquer les faits.

    « Je suis enceinte et je lui ai dit. Je lui ai dit et il ne veut plus me voir chez nous. Je n’ai nulle part où aller. »

    Sa voix se brisait et elle baissait les yeux au fur et à mesure qu’elle parlait. Elle avait honte de s’être mise dans cette situation. Elle n’agissait vraiment pas en adulte et maintenant elle n’arrivait plus à faire face aux évènements. Les larmes recommençaient à couler sur son visage. Elle ne devrait pas, elle ferait mieux de se reprendre et d’avancer, de trouver une solution, de se battre pour l’enfant qu’elle allait devoir mettre au monde. Mais non, Mercy était là, près de Wolf, comptant sur lui plus qu’elle ne l’avait jamais fait.
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MessageSujet: Re: "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy]   "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy] Icon_minitimeSam 29 Nov - 3:09

    Son geste n’avait pas été vain. Wolf sentait que Mercy, sous l’effet de sa présence ou non, reprenait du poil de la bête et semblait plus courageuse, comme si elle était prête à surmonter l’obstacle qui se tenait juste devant elle. La jeune femme allait se libérer de son joug, et cela, devant les yeux de l’ancien marine. Elle finit par se jeter à l’eau.

    « Je suis enceinte. »

    Wolf ne sourcilla pas. A vrai dire, il s’attendait à une nouvelle de ce genre. Même si extérieurement, il ne paraissait rien, dans sa tête les idées et les éventualités fourmillaient. Son esprit de militaire prenait le dessus comme à son habitude, et Shafer s’efforçait de tout prévoir. Ou d’essayer. Mais ce n’était pas fini. Ce n’était pas tout. Il y avait autre chose. Le fait que Mercy saisit sa main alors que le vétéran ne s’y attendait prouvait qu’elle n’avait pas fini dans ses révélations. Au terme d’une longue et profonde inspiration, la suite de sa confession venait.

    « « Je suis enceinte et je lui ai dit. Je lui ai dit et il ne veut plus me voir chez nous. Je n’ai nulle part où aller. »

    Shafer ne pensait tout de même pas que la situation était aussi grave qu’elle semblait l’être. Rapidement, comme s’il se trouvait sur le terrain, Wolf rassembla ses idées. Mercy attendait un enfant. Le sien ? Non, certainement pas. En tout cas, cela ne collait pas et ils se protégeaient. Pas de son mari non plus, du jeune journaliste alors ? Ce jeune volage ? L’avait-il accepté, l’avait-il répudié ? Il n’en savait rien mais était à moitié sûr de la réponse. Son mari l’avait mis dehors, à la porte, comme une malpropre. Elle ne savait où aller et s’était dirigé vers l’ancien militaire. Elle attendait quelque chose de lui. Wolf savait qu’il devrait réagir rapidement. Lui donner une réponse. Quelque chose qui les engagerait dans un autre genre de relation. Non pas que cela lui déplairait, mais il ne s’y attendait pas du tout. Une fois encore il avait été surpris par les aléas de la vie, qui lui jouait un de ses tours. Evidemment, il était heureux que Mercy soit enceinte, surtout si elle voulait le garder, mais elle s’était fourrée dans un bourbier inexpugnable. La journaliste commença à pleurer. La main du marine sécha une des larmes qui coulait sur sa joue, avant que Wolf ne s’approche d’elle et ne la serra dans ses bras. Il voulait lui montrer qu’il était là et qu’elle pouvait compter sur lui. Le flic lui embrassa le front avant de se pencher vers son oreille et de lui chuchoter.

    « Tu restes ici. Je chercherai à partir de demain un appartement plus convenable pour un enfant. »

    Sa voix grave et rocailleuse avait à nouveau tranché à travers l’obscurité de la pièce. Wolf avait réagi rapidement et avait adopté ce qui lui semblait la meilleure de solutions possibles. Mercy resterait ici, avec lui, le temps qu’il trouve un autre logement plus adapté à une femme enceinte. Et puis, il considérait qu’elle n’avait pas à vivre dans un endroit pareil. Qui rêvait d’habiter un taudis dans le quartier le plus malfamé de tout Liverpool ? De plus, l’ancien militaire avait les moyens. Il se serrerait la ceinture. Il oublierait certaines de ses habitudes pour elle. A commencer par l’alcool et la cigarette. Si tout cela lui permettait de grapiller ne serait-ce que quelques livres pour permettre à la future mère de mieux vivre et d’élever au mieux son prochain enfant, alors il le ferait. C’étaient des sacrifices, mais des sacrifices que Wolf sentait utiles. Comme s’il voulait se racheter par ses actes. Comme s’il voulait se prouver quelque chose, que lui aussi était peut-être capable d’avoir un semblant de vie normale….

    A travers ses paroles, Wolf s’engageait. A travers cette simple phrase, le Marine lui promettait quelque chose pour l’avenir. Une certaine stabilité. Quelque chose en attente de temps meilleurs, si elle ne désirait rien de provisoire. Il ne savait pas dans quoi, mais pensait devoir le faire. Pour elle. Enfin, pour eux. La serrant toujours dans ses bras, de la manière la plus réconfortante qu’il soit, Shafer craignait sa réaction. L’ancien militaire n’avait jamais été confronté à ça. Laissez-le dans une embuscade et il se débrouillera. Laissez le dans un cas pareil et il aura toujours l’impression que ses choix sont les mauvais et qu’il se trompe. Ou qu’il sera dépassé par la situation.

    En attendant, il ne s’imaginait pas vraiment à ça. Enfin, il s’attendait à une nouvelle du même acabit, mais d’un autre côté, il préférait se voiler la face. Wolf avait bien senti que le couple de Mercy battait de l’aile et que d’un autre côté il y avait le journaliste et lui. Il avait laissé faire. La réalité les rattrapait toujours.
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MessageSujet: Re: "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy]   "Madigan's" • Let's have another drink [Mercy] Icon_minitimeDim 30 Nov - 20:16

    Mercy avait enfin révélé à Wolf ce qui se passait, ce qui allait tout changer. Elle ne connaissait pas encore la réaction qu’il allait avoir. C’était si important, si immense. Jamais il n’avait fait face à une nouvelle de cet acabit ensemble. D’ailleurs, ils n’avaient même jamais fait de projets ensemble. Entre eux, tout avait toujours été spontané, imprévisible. Ils se retrouvaient un soir alors qu’ils n’espéraient plus se voir pendant des semaines, et le lendemain alors que ça n’était pas prévu. Wolf et Mercy ne réglaient jamais rien, du moins dans leur relation et jusque là, c’est ce qui avait permis à cette relation d’être aussi belle, aussi forte. Maintenant qu’elle venait de lui révéler sa grossesse, la rédactrice commençait à imaginer une vie à deux. Et puis ensuite à trois. Jamais cela ne lui était arrivé auparavant, ce soir-là tout changeait. Ils ne pourraient pas avoir une vie de couple comme les autres, simple, routinière comme ce qu’elle avait connu. Elle savait que Wolf ne laisserait pas ça s’installer, consciemment ou non. Elle imaginait déjà toute cette vie à ses côtés mais Wolf n’avait toujours fait aucun geste, n’avait eu aucune réaction. Ils s’étaient confiés l’un à l’autre et l’ampleur de la révélation qu’il lui avait faite pouvait la laisser espérer mais rien n’était sur. Rien ne l’était jamais. Mais quand Mercy sentit l’ancien militaire la prendre dans ses bras, toute cette appréhension qui était montée en seulement quelques instants retomba. Il serait là. Il le lui avait dit, il serait toujours là. Le baiser qu’il venait de lui poser sur le front ajouta de la force à son geste. Il se voulait doux, protecteur. Bien sur, elle l’avait déjà deviné mais il voulait lui faire vraiment comprendre. Elle recevait le message.

    « Tu restes ici. Je chercherai à partir de demain un appartement plus convenable pour un enfant. »

    Le léger râle qui se mélangeait avec sa voix lui annonçait ce qu’elle n’aurait jamais cru pouvoir espérer. Certes, elle l’avait fait mais qui aurait dit que cela deviendrait réalité un jour ? Wolf prenait maintenant les commandes. Elle en avait besoin. Elle avait besoin d’un homme qui puisse lui laisser le temps de reprendre les rênes, de savoir exactement comment elle devait réagir, de comprendre quelle serait sa vie future. Elle ne savait comment le remercier. Il avait déjà tout prévu, il allait faire des sacrifices pour elle. Elle ne voulait pas qu’il lui donne tant de sa personne mais si cela lui permettait de réduire l’alcool et le tabac, tant mieux … Mercy n’avait pas une idée précise de comment tourneraient les choses, elle était simplement rassurée. Elle pouvait maintenant espérer une bonne vie pour son enfant. Certes, elle serait surement mouvementée, par le tas de choses que Mercy n’aurait évidemment pas le courage de surmonter mais il aurait une bonne vie. Elle pourrait toujours compter sur Wolf, et son enfant aussi, elle le savait.
    Sentir le corps de l’américain la soutenant était tout ce dont Mercy avait besoin même s’il venait de lui donner beaucoup plus. Elle pouvait sentir son odeur, entendre son cœur battre. Ce cœur qui avait été extrêmement touché, qui aurait pu ne plus exister. Il était là maintenant et il était prêt à tant de choses pour elle, elle qui le faisait chavirer. Elle devait prouver à Wolf sa gratitude, sa reconnaissance mais elle était si bien qu’elle n’avait pas le courage de faire le moindre mouvement. Enfin, après plusieurs semaines, elle savait où elle allait, ce qui lui arriverait. Avoir les choses planifiées n’était finalement pas désagréable. Mercy, levant la tête et entourant le cou du marine de ses bras, pu enfin lui exprimer, bien que ce ne soit pas par des mots, tout ce qu’elle pensait de son geste, à quel point elle ne pourrait cesser de le remercier. Encore une fois, ils n’avaient pas besoin de mots pour se comprendre. Mercy savait qu’il comprenait exactement ce qu’elle voulait dire.

    Ils restèrent dans cette position plusieurs secondes, plusieurs minutes, ayant tous deux perdu la notion du temps qui passait. Le regard qu’elle lui lançait laissait comprendre à la profondeur de la nuit qu’elle ne devait pas partir, qu’elle devait rester avec pour leur permettre de prolonger ce moment si particulier. De son pouce, Mercy caressait la nuque de Wolf et rien qu’à la sensation de cette peau rugueuse, elle se sentait vivre. Wolf était l’homme qu’il lui avait toujours fallu même si elle l’avait trouvé trop tard. Les sentiments qu’elle éprouvait à son égard étaient bien plus forts que ceux qu’elle avait cru avoir pour un autre. Il était l’unique et le seul, celui qui comptait vraiment. Ces pensées traversant son esprit, la future mère ne put s’empêcher de déposer un baiser au coin des lèvres de l’homme. Il lui avait redonné toute cette confiance en l’avenir, rien que par cette phrase et il lui avait fait comprendre tant de choses en seulement quelques instants. Elle l’aimait, elle avait tellement besoin de lui et il le comprenait si bien. Elle espérait qu’elle savait en faire autant pour lui, qu’elle saurait toujours le faire. Il était tout ce dont elle avait besoin et elle osait penser que c’était réciproque.
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